Et si on open-sourçait SPID ?

 

Spid V2 sera certainement l’un des grands chantiers discutés lors de la prochaine Assemblée Générale de la FFTT en Mai 2018. On entend un peu tout et n’importe quoi sur le sujet. Je vous propose tout d’abord de faire le point des faits…

Petite historique…

Nous allons essayer d’aller plus loin que les informations disponibles sur le site fédéral :

Le développement de la version actuelle de SPID (Système pongiste d’information décentralisé) a commencé en 2000. Cette solution hébergée prend la suite des développements internes utilisés précédemment comme RK-Soft. La solution Spid qui est en fait un site internet de gestion de l’activité pongiste nationale est déployé en 2002 .

 Le système était conçu pour durer 10 ans : son plan de financement par les ligues et les comités a pris fin sur la saison 2012/2013. Depuis, la fédération paye uniquement l’hébergement auprès d’un fournisseur de service internet pour une somme avoisinant les 4800 € /an (source : bilan présenté aux AG). A la base, seule la fédération, les ligues et les comités ont accès à SPID et le nombre d’accès est limité. Les juges arbitres sont pris en compte dès le départ avec le module SPID-D qui sera déployé rapidement.

Progressivement, la FFTT va ouvrir différents services qui seront promus, maintenus et/ou abandonnés successivement. On peut citer :

  • le classement (site internet, sms, puis appli mobile)
  • spidweb
  • l’espace mon club
  • l’espace licencié
  • la gestion des licences par internet
  • le site pro (Pro-A / Pro-B)
  • les api smartping
  • girpe et l’api rencontres

Ces développements ont été faits pour la plupart en interne de la FFTT. Tous ces apports viennent corriger des fonctionnalités manquantes ou ergonomiquement catastrophiques. Je pense que toutes les secrétaires de ligues et de comités se rappellent encore du module JAVA à installer pour valider les licences chaque année. La base de données utilisée en 2016 était encore une base ORACLE dupliquée partiellement sur une base Mysql pour certaines fonctionnalités.

Il n’y a pas eu d’évolutions majeures du coeur du système depuis la mise en place initiale et il faut avouer que les outils utilisés à l’époques sont partiellement obsolètes.

Spid-D (déconnecté ) pour les Juges-arbitres montrent des essoufflement dès 2007: le logiciel ne fonctionne pas à son plein potentiel sous windows vista : ralentissement des impressions, plantages réguliers, les juges arbitres se plaignent et la FFTT prend en 2011 la décision d’une refonte de ce module (BF 272 – Février 2011) il est voté un budget de 65 000 € pour ce dossier répartis à 50 / 50 entre la FFTT et ses ligues. Pour mémoire, la version de SPIDD V2 n’est toujours pas opérationnelle à ce jours, près de 7 ans plus tard ! Cela n’augure pas bien de la capacité interne de faire avancer de tel dossier.

Parallèlement,  des développeurs indépendants créent des outils manquant à la fédération, on peut citer GIRPE pour les JA du championnat par équipe,  Feuille de route pour les JA des championnats individuels, et un grand nombres d’outils de statistiques plus ou moins appréciés par la fédération. l’un d’entre eux (pongiste) remplacera l’appli mobile officielle (smartping), racheté par la fédération en 2016.

Toujours en 2016, la fédération prend conscience que SPID devient de plus en plus complexe à maintenir :  la multiplication des accès direct par les internautes (outils / api ect…) fait qu’il faut penser à procéder à une refonte d’envergure du système. Les solutions logicielles et matérielles soutenant spid sont vétustes. Il n’y a pas eu de mise à jours majeures du cœurs du système depuis le lancement et les maintenances logicielles ne sont plus supportés par les éditeurs (oracle, microsoft, ect…)

Un appel d’offre est lancé : http://www.fftt.com/site/medias/shares_files/appel-d-offre-refonte-spid-1434.pdf

La société BeNet est retenue pour l’accompagnement à la rédaction  du cahier des charges : le montant de l’accompagnement est estimé à 180 000 €.

La FFTT fait une présentation de spid V2 à l’AG de Novembre 2016. l’idée initiale est d’établir un cahier des charges pour juin 2017, faire un appel d’offre de réalisation pour commencer la programmation en Septembre 2017 et avoir une première version en juin 2018 pour un déploiement final en 2019. la programmation se serait donc étalée sur 9 mois (180 à 190 jours ouvrés)

En Mars 2017, lors de son discours, le président fédéral annonce un coût approximatif de 500 000 €.

Comme beaucoup de projets, la phase préparatoire prend énormément de retard et le conseil fédéral de Septembre 2017 ne peut que constater que l’échéancier initial ne pourra pas être tenu. Il est décidé alors d’un nouveau calendrier avec pour objectif un début des développement en Janvier 2018.

Des soucis de financement apparaissent. En mars 2018; le cahier des charges est semble-t-il formalisé : un document de 300 pages à été produit et un nouvel appel d’offre de réalisation a été lancé : 6 sociétés ont répondu à cet appel d’offre dont 3 ont retenu l’attention du conseil fédéral.

Le principal soucis actuel est  la répartition du budget entre prise en charge fédérale et prise en charge instances décentralisées.

Le budget final sera sensiblement supérieur aux 500 000 € annoncés à plusieurs reprises. Le conseil fédéral dans son compte rendu d’octobre 2017 avance même le chiffre astronomique de 750 000  € avant amendement  pour la phase de réalisation du projet (les amendements sont inévitables dans ce genre de projet car tous les changements de dernières minutes seront facturés). Nous en serions donc 900 000 € en tout ( études + réalisation)

Et il ne s’agit là que de la mise en place du système, sans compter les coûts de la maintenance annuelle par le prestataire qui va gonfler le budget tout au long de la durée de vie du système : il est annoncé dans un document interne à la FFTT un budget de 50 à 100 000 € par an !

Parallèlement le responsable politique du projet, Jacques Sorieux, annonce dans une interview sur le site fédéral en mars 2018 que :

… le SPID V1 marchait plutôt bien, puisque beaucoup ont souhaité qu’on ne révolutionne pas tout. Les demandes étaient plus liées à la nécessité d’avoir une meilleure ergonomie, de supprimer certaines choses inutiles ou d’améliorer certaines fonctionnalités, notamment tout ce qui touchait à la comptabilité et à la facturation, trop longues  à faire, aux mutations, aux formations, à l’arbitrage, aux licences…”

Il y a là  plusieurs faits qui paraissent incohérents : comment explique-t-on alors un tel budget ?

Une simple recherche sur GOOGLE des mots clés “tarifs journalier développeurs informatiques” vous donnera de nombreux résultats pour évaluer la pertinence d’un devis à 750 000 €:

  • un développeur PHP se paie en moyenne 350 €/jour en France,
  • un designer 300 €,
  • un consultant sénior 750 €

Tout ceci sur des missions de longue durée (on est sur une mission initiale de 9 mois).

Peut on alors imaginer qu’une refonte de système imaginée en 9 mois va prendre

  • 100 Jour(s) / homme(s) de consultant senior ? (on fait le point tous les 2 jours ouvrés  ?)
  • plus 1900 Jour(s) / homme(s) de développeurs / designers ? (on nous mettrait  une équipe de 8 à 9 personnes dédiées à temps complet sur ce projet ?)

Le tout pour ne pas révolutionner le système ?

Une autre approche ?

Une toute autre approche ne peut-elle pas être envisagée: ne faudrait pas laisser leur chance aux programmeurs “open-source”.

Girpe, l’appli fftt, feuille de route, et bien d’autres exemples sont issu de programmeurs “amateurs” passionnés qui prennent de leur temps pour sortir des outils.

Il faut savoir que ce type de projet sont très nombreux dans la communauté des programmeurs. Comme SPID est un projet à usage non commercial, il doit être possible de monter une équipe avec des personnes de bonnes volontés si on a un chef de projet et des testeurs compétents. On pourrait travailler de manière itérative sur ce dossier, en commençant :

  • par rendre SPID compatible avec des logiciels open-sources actualisés (APACHE / LINUX/  MYSQL ou équivalent)
  • puis développer progressivement les modules inopérants (compta, stats, ect…)
  • et enfin laisser aux développeurs répondre aux demandes de modifications émanant des experts d’usages à savoir les UTILISATEURS !!!

Les petites modifications de SPID qui ont été faite par Eric Caugant depuis 16 ans prouvent bien que c’est accessible.

Même si SPID est vieux, il peut encore tenir 2 ou 3 saisons. Qu’est ce que cela coûterait

  • de reporter la décision effective d’achat,
  • de monter une copie des sources de spid sur un serveur de forge (sourceforge https://sourceforge.net/ , github  https://github.com/, … bref, des sites de communauté de développeurs),
  • de lancer un appel aux pongistes pour qu’ils aillent regarder…
  • de donner une liste de besoins et de voir au bout de quelques mois ce que les “devs” se sont apropriés et ce que cela donne.

Quitte à prendre un chef de projet rémunéré pour suivre les développements.. C’est un test à quelques milliers d’euros pour en économiser quelques centaines de milliers.

Au bout de quelques mois, on regarde si cela a avancé:

  • au pire, on relance les prestataires
  • au mieux, l’avancé est significative et cela n’a presque rien coûté…

Le principal soucis de ce type de démarche, c’est que la FFTT a toujours souhaité être propriétaire de ses sources, ce qui est à mon avis de “l’informatique de papa”… Il sera dur de faire bouger ces mentalités, quoiqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros de différence de coûts, ça doit pouvoir se discuter non ?