La fin des monopoles d’organisation de compétitions pour les fédérations sportives ?

 

Tout est parti d’une querelle entre l’Union Internationale de Patinage (UIP ou ISU en anglais) et deux athlètes néerlandais de patinage de vitesse qui s’étaient fait sanctionnés pour avoir participé à des épreuves non autorisées par lUIP en octobre 2015.

La commission européenne a fini par être saisie. Dans ses conclusions définitives de décembre 2017, la commissaire européenne chargée de la politique de concurrence, Margrethe Vestager, a indiqué que  le rôle des fédérations sportives était de « protéger la santé des athlètes, leur sécurité et l’intégrité des compétitions ». Mais en aucun cas, les fédérations sportives ne peuvent empêcher un organisateur indépendant de convier et rémunérer des athlètes participant à des compétitions non officielles.

 

Les fédérations tirent profits de l’organisation événements sportifs…

Les fédérations tirent profits de l’organisation d’événements sportifs, et par conséquent, les fédérations tombent sous le joug de  l’article 101 des traités européens sur la concurrence.

Cette décision n’est pas sans conséquence sur le monde sportif puisqu’il ouvre la voie à des championnats parallèles aux championnats officiels. Déjà 15 des plus grands clubs de football européens réfléchissent à une superligue hors ETTU leur permettant de négocier les droits de retransmissions en direct. Cette démarche qui pourrait faire exploser le fair play financier, dynamiterait certainement les championnat internationaux. Si l’Association Européenne des Clubs décidait de créer cette superligue à la rentré 2018, ni l’UEFA, ni la FIFA ne pourrait sanctionner les clubs ou les joueurs y participant et il est évident que les clubs majeurs auraient tout intérêt à y participer délaissant ainsi la coupe d’europe.

Parallèlement, des marques inattendues commencent à investir massivement dans le domaine sportif. Après s’être lancé dans l’E-sport en 2016, KFC annonce créer un championnat national de foot en salle. Partenaire de la FFF, KFC monte un partenariat avec le groupe privé Five ( réseaux privés de salle de foot à 5 en France): Le partenariat prévoit que chacun des 200 restaurants de la marque aura la possibilité d’organiser des événements dans le centre Five le plus proche pour y développer des opérations spéciales. (heures de foot gratuites, offres spéciales sur les menus, événements lors des retransmissions de l’équipe de France…). Mais KFC ne s’arrête pas là, KFC crée en même temps la KFC Foot 5 cup dans 18 centre Five: les 18 vainqueurs des tournois locaux se réuniront au cours d’une grande finales nationale à Paris où elles seront mise en concurrences des derniers vainqueurs de la five cup et de la galaxy cup (2 grands événements du foot à 5). 

 

Qu’est ce que pourrait donner ce new deal dans le monde du tennis de table ?

On le sait, les relations entre les clubs de Pro A / Pro B et la fédération ne sont pas au beau fixe: l’audit des club Pro lancé par la FFTT en 2017 n’a pas été suivie de mesures concrète a ce jours si ce n’est la très contestée réglementation sur la double licence. Les clubs de pro A principalement masculins ont fortement protesté allant même jusqu’à la grève des retransmissions des rencontres de Pro sur internet, et toutes ces histoires ne sont pas terminées. En 2015 / 2016, les clubs avaient sérieusement réfléchis à monter un championnat de club pro hors cadre fédéral et cette nouvelle donne pourrait parfaitement relancer la machine. Si les clubs pro trouvent des partenaires financiers plus intéressant que la FFTT, il n’est pas sûre qu’un simple titre de champion de France de Pro A ou de Pro B suffise à motiver encore longtemps les clubs qui sont pourtant les principaux intéressés.

On peut aussi imaginer la création par des marques “jeunes et funs” de championnats locaux, avec organisation d”évènements pouvant amener à une finale nationale sur le modèle de la KFC 5 cup. Une chose est sûre, c’est que si les fédérations perdent leur monopole d’organisation des rencontres sportives, elles vont devoir faire leur révolution culturelle pour attirer à elle les licenciés au lieux de vouloir leur imposer leur vue et leur pratique comme elles le font aujourd’hui. Le rapport de force est entrain de changer de camps et il faudra s’adapter.