Déc 12 2016
A l’épreuve du temps
Pourquoi les choses n’avance-t-elle pas plus vite dans les réformes nécessaires à la FFTT?
Des mois, voire des années sont nécessaires à certaines prises de décisions, cela en devient parfois exaspérant, aussi bien pour les pongistes que pour les porteurs de projets. Y aurait-il une temporalité différente dans les hautes sphères de la fédération ?
Le temps ?
Dans un monde où tout va de plus en plus vite, ou l’on parle d’agilité, beaucoup se réfèrent à une notion de contraction du temps en disant que le temps s’accélère. Sans aller, ni dans la philosophie, ni dans la physique, de nombreux colloques sont consacrés à l’étude du temps et viennent contredire cette impression. Car il s’agit bien là d’une impression ou l’on va confondre une notion même du temps difficilement définissable avec les contraintes que nous apportent notre vie de plus en plus chargés. Nous travaillons, répondons à des mails, nous sommes sollicités par nos portables, les alertes de réseaux sociaux. Tout cela crée un environnement excitant voire stressant et les temps de pauses ou l’on peut simplement contempler le temps “passer” sont de plus en plus rare.
Les jours font toujours 24 heures, 1440 Minutes et 86400 Secondes. Bref, nos modes de vie surchargés font que nous sommes toujours ultra-pressés et que des prises de décisions de plusieurs mois nous apparaissent aujourd’hui bien anachroniques…
Revenons à notre sujet…
Il faut comprendre aussi comment marche un comité directeur pour bien mettre les choses en perspectives : un collège de sages se réuni tous les 2 à 3 mois pour faire le point sur les avancées des différents dossiers et, dans l’intervalle, ce collège travaille sur ces dossiers pour en compléter la réflexion ou la rédaction. La première chose à remarquer, c’est qu’aucune décision stratégique ne peut être prise entre les réunions et que même un dossier bien finalisé devra attendre pour être examiné. Jusque la, rien d’anormal.
Pour comprendre les délais, je commencerai par parler du fait que le temps consacré par les experts à l’avancée des dossiers est souvent réduit du fait même de nos modes de vie expliqué précédemment : si un dossier nécessite 50 heures de réflexions ou de rédaction, et que l’expert ne peut consacrer que 1 heure par semaine à ce travail, il faudra bien 1 an pour que ce projet arrive à maturation. Et ceci quand l’expert prend effectivement son heure hebdomadaire et qu’elle n’est pas absorbée en réunions et autres échanges de mails sur d’autres sujets “tennis de table”.
Le deuxième problème commence quand on examine comment sont présentés les dossiers.
- Un expert en charge d’un dossier pense que son sujet d’étude est prêt à être examiné.
- Comme cet expert n’est pas décisionnaire de l’ordre du jour de la prochaine réunion, il va le présenter à son vice-président de branche qui se chargera de le faire remonter… ou pas.
- Le vice président en question, étant forcément plus compétent que l’expert qui a étudié le dossier, va appliquer un premier filtre à cette étape.
- Si le dossier remonte, le collège des vices-présidents discute et présente le dossier à une réunion… ou pas.
Un dossier peut parfaitement être bloqué car jugé non mature par une personne qui ne l’a pas étudiée ou qui n’en est pas à l’origine! Autant dire que vont être jugé non mature tous les projets qui ne rentrent pas en cohérence avec la vision du ping de certains mandataires…
Voila qui explique en partie le manque de vision de la FFTT: les personnes travaillent peu ensemble. Entre le moment où un besoin se fait sentir, qu’il est étudié, que le dossier résultant de cette étude subit la filtration et qu’il passe enfin en comité directeur, 18 à 24 mois se sont écoulés. Pendant ces mois, les besoins peuvent avoir évolués, et le contexte peut avoir changé. C’est une des grandes spécialités française
être toujours prêt pour la dernière guerre…
Comment changer cela ?
Il faut changer de paradigme et passer d’un système de cycle de projet linéaire à un système de projet itératif: pour expliquer les choses par un exemple, le monde n’a jamais été décrit dans un manuel ou un cahier des charges : il est le résultat de millions d’années d’expérimentations / adaptations. Les évolutions sportives, les évolutions de méthodes ne seront pas linéaires, pour avancer, il va nous falloir expérimenter, se planter, évaluer et adapter petit à petits nos méthodes pour arriver avec beaucoup de pragmatisme à des solutions proche de l’idéal pour tous.
Plusieurs pistes sont à étudier :
- Une réforme du fonctionnement institutionnel : Comme le politique n’a pas que peu de temps à consacrer aux projets, mais qu’il en a une vision assez claire, il doit faire appel a des experts opérationnels qui pourront l’aider à les faire avancer.
- Une réforme des méthodes de travail et de management : Passer du management directif actuel à un management agile, expérimenter des séances de créativité, de gamestorming ou de design-thinking.
- Se servir continuellement des nouvelles technologies et des outils de co-création.
- et surtout faire appel à l’intelligence collective des communautés d’intérêts : quelques soit son niveau intellectuel, son degré de connaissance du dossier, ce que pourra produite un esprit humain sera généralement inférieur à ce que produira l’esprit collectif de centaines d’humains en synergie.
Encouragez l’innovation. Le changement est notre force vitale, la stagnation notre glas. David M. Ogilvy
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